RENE-JACQUES
France

(1908 - 2003)
René-Jacques (1908-2003) de son vrai nom René Giton est né à Phnom Penh au Cambodge, où son père occupe un poste d'administrateur colonial. Il fait ses études en France, à Royan, puis au lycée Buffon à Paris. Élève sérieux, remarqué pour ses dispositions littéraires, il se passionne pour la photographie, obtenant, en 1927, un premier prix au concours de photographie amateur de Royan. Son service militaire accompli, le jeune homme entreprend les études de droit qui devraient lui ouvrir une carrière politique. Cependant, sans autre formation qu'un stage d'assistant chez le photographe Gilbert Boisgontier, il décide de faire de son loisir favori son métier, adoptant bientôt son nom d'artiste : René-Jacques. Dans les domaines alors ouverts du portrait et du reportage, il bénéficie d'un début de notoriété, conforté par la publication, en 1932 dans L'Intransigeant, de ses images du championnat du monde de boxe. René-Jacques continue cependant ses recherches personnelles, notamment sur Paris, qu'il photographie de jour comme de nuit, dans un registre à la fois impressionniste et poétique. Il participe en 1933 à une exposition de groupe à la galerie de la Pléiade. Dès lors, les publications se suivent, dans Plaisir de France, dans le supplément annuel d'Arts et Métiers graphiques et dans les revues américaines U.S. Camera Annual, Fortune, Harper's Bazaar ou Photography. Travailleur infatigable, régulièrement sollicité par la publicité qui apprécie son style élégant et novateur, René-Jacques ne renoncera jamais à son œuvre d'auteur. Des écrivains comme Léon-Paul Fargue ou Francis Carco recourent à lui pour illustrer leurs ouvrages, appréciant sa vision singulière du paysage urbain comme si la carrière littéraire envisagée dans sa jeunesse trouvait son aboutissement dans l'expression du photographe. Il se tourne également vers la photographie de plateau : Remorques de Jean Grémillon en 1939. Après la guerre, il répond avec le professionnalisme qui le caractérise aux demandes les plus diverses des maisons d’édition. Des publications lui ont assuré progressivement une réputation de professionnel dont la disponibilité d’esprit se fondait sur une technique sans faille. Sa carrière se partagera entre portraits, reportages, photographie industrielle ou de plateau. Il est l'un des fondateurs du Groupe des XV en 1946, collectif de photographes qui comptera Robert Doisneau, Willy Ronis, Pierre Jahan, dans les années 1950. René-Jacques a défini dès ses débuts les caractéristiques de son style : rigueur, mesure et respect du sujet. Photographe cultivé, technicien hors pair, il a pendant près de quarante années répondu à tous les genres de commandes. Il est témoin des problèmes sociaux provoqués par la crise économique des années 1930 à Paris. Recherché aussi bien pour des reportages industriels que pour des vues d'architecture et de paysages. Après la guerre, sa carrière est ponctuée d'innombrables travaux de documentation et de publications sur la France urbaine et rurale. Ses paysages naturels sont d'exemplaires réussites de même que ses vues monumentales de Paris. Il s'est engagé à faire de la photographie un moyen d'expression majeur en même temps qu'il œuvrait à la reconnaissance à part entière du métier de photographe. René-Jacques a traité l'homme et la technique, la nature et la civilisation, avec une retenue distanciée qui traduit sa méfiance vis-à-vis des mythes. Comme Rodin dont il a photographié une grande partie des travaux, il pense que l'art est affaire de science et de patience.